On trouve parmi les coworkers de la maison blanche des nomades qui travaillent en voyageant (ou qui voyagent en travaillant). Que ce soit pour le plaisir ou par nécessité, nous voulions savoir comment se passent ces « voyages », comment les gérer au mieux, les points positifs et négatifs et te donner au passage quelques conseils si toi aussi tu veux te lancer dans une aventure similaire.

Digital nomad

Quand on parle des gens qui allient voyage et travail, on les nomme souvent des digital nomads ou nomades numériques en français.

Le digital nomad est une personne qui utilise les technologies pour mener à bien son job et gagner de l’argent. Son travail étant basé sur le numérique, elle peut donc relativement facilement l’exécuter d’où elle veut.

Le travail nomade est souvent réalisé par une personne indépendante, qui n’est pas tenue par un lieu, par des collègues ou par des supérieurs. Mais certaines entreprises permettent à leurs salariés de travailler à distance et de voyager. Le degré de liberté dépend de la politique de l’entreprise.

Les expériences de nos coworkers

Allier travail et voyage peut prendre plusieurs formes, selon la durée et la nature du voyage, et selon le travail effectué. Voilà 4 expériences très différentes de nos coworkers de la maison blanche.

En famille et salarié

Denis Rouzaud a voyagé pendant 1 an et demi avec sa femme et ses deux enfants. Il était « sédentaire » en République Dominicaine durant 1 an, puis il a voyagé pendant 6 mois à travers l’Amérique du Sud en camping car. Durant tout son voyage, il a travaillé pour une entreprise basée en Suisse, à un taux variant de 80% et 30%. Son statut d’employé lui a permis d’avoir moins de stress, car il pouvait compter sur ses collègues en cas de besoin ou d’empêchement.

Pour Denis, le but du voyage était surtout de passer du temps en famille, et aussi d’apprendre l’espagnol et de faire du kite. Il a choisi de travailler en même temps pour assurer un revenu régulier.

Démarchages sur place

Sophie Donnet est indépendante, elle a créé son entreprise So Journey, qui propose des voyages en Suisse à des touristes étrangers, principalement à des Chinois et des Indiens. Environ 2 fois par année, elle va démarcher des agences de voyage sur place. Son dernier voyage a été le plus long, 6 semaines entre la Chine, Singapour, l’Inde et le Brésil.

Faire le déplacement et rencontrer en vrai les personnes des agences est nécessaire pour gagner leur confiance et pour pouvoir mieux discuter des prestations qu’elle offre.

Elle profite aussi de ces voyages pour visiter un peu les pays. Elle ne pourrait pas se permettre de faire des voyages si longs et si fréquents si elle ne travaillait pas en même temps.

Van trip en indépendant

Julien Moret travaille à l’Agence de communication Copilote. Il est indépendant et crée des contenus visuels, des stratégies et différents supports de communication digitale. Il lui arrive de devoir voyager pour son travail, par exemple pour tourner des vidéos. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est son dernier voyage où il est parti 1 mois dans le Sud de la France avec son van aménagé. Un road trip durant lequel il a continué à travailler sur ses projets d’indépendant.

Travailler et voyager est pour Julien une solution pour envisager des voyages d’une durée plus longue.

Missions d’ONG

Autre expérience très différente, celle de Gareth Gleed, qui travaille pour l’ONG norvégienne NRC (Conseil Norvégien pour les Réfugiés). Son travail consiste à se rendre dans des zones de conflits en RDC, en Centre-Afrique et au Mali et à rencontrer des personnes impliquées dans ces conflits afin de les aider à trouver des solutions. Ses missions durent entre 2 semaines et 2 mois selon les pays et la sécurité sur le moment.

Bien que son travail sur le terrain ne soit pas considéré comme un voyage, c’est pour lui une expérience unique et très intéressante qui lui permet d’avoir un contact privilégier avec la culture des lieux où il va et de s’immiscer dans le quotidien des gens.

Les lieux pour travailler

Denis a pu tester plusieurs endroits : les cafés, les espaces de coworking, les campings. Pour lui, l’arrivée des coworkings en République dominicaine lui a facilité la vie. Les espaces de coworking sont adaptés et permettent de travailler efficacement toute la journée, ce qui n’est pas le cas des cafés, où, pour Denis, il est difficile de bosser plus de 2 heures. Le problème des espaces de coworking est qu’ils se trouvent principalement dans les grandes villes, où la vie est plus chère.

Sophie travaille aussi dans plusieurs lieux différents, café, bars, chambre d’hôtel et parfois des espaces de coworking. Elle se promène toujours avec son ordinateur et dès qu’elle trouve un endroit plus ou moins adapté, elle s’arrête pour travailler. Elle utilise plus rarement les espaces de coworking, car en journée elle a des rendez-vous et elle ne peut pas se poser à un endroit fixe.

Julien a principalement travaillé sur « la terrasse » de son van, c’est-à-dire directement sur les plages, en camping ou tout autre emplacement extérieur. Il a aussi testé quelques espaces de coworking, qui lui permettent de rencontrer du monde et d’avoir un lieu professionnel flexible à moindre coût.

Gareth travaille sur les lieux où il dort ou dans les bureaux d’ONG sur place. Il évite les cafés des grandes villes, car il se distrait trop facilement. Dans les pays où il travaille, les espaces de coworking n’existent pas, mais certaines ONG mettent à disposition leurs locaux et leur accès internet pour les employés d’autres ONG.

Comment est vécue l’expérience

Le quotidien de Denis était très différent durant les deux parties de son voyage. En étant fixe en République Dominicaine, il avait moins de souci pour trouver un lieu pour travailler et pour organiser ses journées. La partie nomade avec la vie en camping-car était plus compliquée, il fallait trouver des lieux adaptés pour travailler, mais aussi adaptés pour les activités de sa famille. Selon lui, l’expérience de voyage est très différente en travaillant et pour profiter totalement des pays visités, il faudrait être totalement disponible, sans obligations liées au travail.

Denis a un peu souffert de l’éloignement avec ses collègues et les clients. Le contact est en effet plus difficile et moins direct qu’en étant en Suisse. Mais il avoue que la capacité de concentration est plus élevée et que les soucis habituels du quotidien n’existent presque pas.

» Il faut être pleinement disponible pour voyager «

 

Sophie se sent chanceuse de pouvoir voyager pour son travail et de partir plusieurs semaines par année. Elle apprécie le fait de combiner visites et travail, d’être flexible, de ne pas avoir d’horaires et de travailler de n’importe où. Pourtant, elle reconnait aussi que ce n’est pas si facile de travailler et voyager. Elle trouve frustrant de ne pas pouvoir découvrir davantage les pays où elle va. De plus, certains rendez-vous lui font parfois perdre des journées entières juste dans les transports. Un « vrai » voyage où on se déconnecte vraiment du job est un luxe selon elle. Elle doit souvent faire face à gens autour d’elle qui pensent qu’elle est en vacances et qui ne comprennent pas que, même si elle part dans d’autres pays, elle continue de travailler.

Être indépendante et travailler seule lui offre une grande flexibilité, par contre elle n’a personne sur qui compter pour déléguer son job en cas de souci ou pour profiter du voyage.

» Il faut travailler pour gagner de l’argent, mais en même temps, on a envie de découvrir le pays. Il faut s’organiser super bien ! «

 

Pour Julien, voyager et travailler c’est la solution pour partir plus longtemps, et c’est aussi une manière de découvrir d’autres facettes d’une destination. Pas de problème de concentration pour lui, il arrive à se mettre pleinement sur une tâche quand il sait qu’il pourra ensuite profiter du lieu où il s’est arrêté. C’est une expérience très motivante.

Un point négatif de son expérience nomade est l’incertitude. Incertitude liée au lieu pour parquer son véhicule, au réseau wi-fi, au ravitaillement en eau, … Des questions auxquelles on ne pense pas forcément dans un mode de vie sédentaire, mais qui deviennent quotidiennes lors de voyage en van.

» Le sentiment de liberté est à son maximum lors de ce genre d’expérience «

 

Gareth est un vrai digital nomad. Lorsqu’il est en Suisse, il n’a pas de bureau, mais travaille depuis la maison blanche et est en contact par Skype et par email avec le bureau régional à Genève, le bureau de référence à Dakar et l’ONG à Oslo. Ce genre de travail ne serait pas possible sans la technologie actuelle. Son ONG lui laisse la liberté et la flexibilité d’organiser son travail comme il veut, ce qui est important lorsqu’on travaille à travers plusieurs fuseaux horaires, et ce qui permet de réduire les déplacements.

Bien qu’il trouve son job passionnant et qu’il aime l’idée de tenter d’aider les gens dans des conflits, ce mode de vie l’empêche d’être dans le quotidien de la Suisse. Cela a un impact sur la famille et les amis. C’est une façon de vivre un peu solitaire.

« Travailler ainsi dans ces pays permet d’être beaucoup plus en contact avec les gens et avec la vie sur place qu’un simple touriste »

Les avantages et inconvénients

Difficile de faire une liste des avantages et inconvénients qui convienne à tout le monde. Chaque expérience est différente selon le type de voyage, le travail effectué, les motivations et selon la façon de vivre les défis et les contraintes. Mais voici quand même quelques avantages et inconvénients qui ressortent des expériences de nos coworkers, à toi de faire le tri et de prendre ta décision !

Avantages

  • Flexibilité, travailler n’importe où, pas d’horaires
  • Capacité de concentration plus élevée pour travailler
  • Motivation pour travailler
  • Pas les soucis du quotidien (ami, famille, administratif, entretien matériel…)
  • Rencontres enrichissantes
  • Diversité (pas de train-train quotidien)
  • Voyage plus long possible grâce au revenu

Inconvénients

  • Connexion internet pas toujours fiable
  • Se sentir un peu seul, loin de la « base », de la famille, des amis
  • Contacts moins directs avec les collègues ou les clients (horaires décalés, distance physique)
  • Les obligations du travail empêchent parfois de vivre pleinement le voyage
  • Difficulté d’allier famille, travail et voyage
  • Retour en Suisse parfois compliqué pour les voyages de longue durée (logement, job…)

Conseils de nos coworkers

Denis conseille d’avoir un minimum de pression sur le travail et dû au travail, en planifiant bien les moments, le lieu et le temps dédiés au job. C’est donc important de cloisonner le travail pour éviter qu’il n’empiète sur le voyage ou la famille. Il conseille aussi de repérer les endroits qui permettent d’allier travail et vie de famille.

Sophie recommande de fixer des objectifs pour ne pas être tentée de faire autre chose. Fixer des heures et des jours de travail. Elle conseille aussi de choisir à l’avance des lieux pour travailler qui ont un bon wifi, cela évite de courir à travers la ville à la recherche d’une bonne connexion.

Julien dit : Just do it ! Comme le dirait une marque célèbre, mais en tongs.

Pour Gareth, il faut bien faire la balance entre les points positifs et négatifs avant de se décider à se lancer dans une expérience comme la sienne, et être conscient des conséquences de son choix. Mais selon lui, c’est à la portée de tout le monde !

N’hésite pas à partager ton expérience avec nous !

Article rédigé et propos recueillis par Maud Richard

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire